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le journal de bord du capitaine MADOX

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  • Cet espace sera consacré aux voyages en solitaire du capitaine Derek Madox. Appuyé de photos, musiques et d'extraits tirés de son journal de bord, Madox s'emploiera à vous décrire tour à tour sensations, impressions, et réflexions de voyage.
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20 juillet 2010

Jour 9 - mardi 20 juillet 2010

Jour 9 – mardi 20 juillet 2010

J’ai pris un peu de retard sur l’horaire en me reposant chez mes parents, puis chez ma sœur. J’ai donc décidé de prendre le bus pour me rattraper. 

J’ai été dans un dilemme toute la nuit.  Pourquoi me rendre jusqu’à Forestville en autobus afin de prendre le traversier pour Rimouski, alors que je peux prendre l’autobus pour Rimouski directement?  Je sauverais de l’argent!  Mais je suis attaché à l’idée de prendre ce traversier pendant 1 heure pour Rimouski.  Moi qui a peu d’expérience naval.


prochaine destination: Rimouski 

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Mon trajet de Loretteville à Rimouski


Une chose me déçoit parcontre, c’est de ne pas profiter assez de la 138 en débarquant directement à Forestville.  Je décide donc de m’arrêter un village avant, Portneuf-sur-Mer. 

Ma journée a été un sprint d’un bout à l’autre.  J’ai d’abord dit aurevoir à ma sœur avec un léger pincement au cœur.  J’ai passé un bon moment avec elle, et j’aurais aimé rester plus longtemps.  C’est fou ce qu’elle me fait penser à mes parents.  Je reconnais ma famille dans son attitude.  Elle m’a donné 40$ comme contribution à mon voyage.  C’est fou ce qu’elle tient le côté maternel de sa maman.  Mais elle fait également beaucoup penser à mon père par sa manie de s’inquiéter, et par sa grande générosité surtout.  Je me rappelle certaines scènes de la famille de mon père où ça se chamaillait quasiment autour d’un 20$.  L’un refusant l’aumône de l’autre : « Enwoueille, enwoueille, prends ça, prends ça! », « Non, non, garde ton argent ! ».  Le 20$ finissait toujours par être mis de force dans la poche arrière de la personne en fuite.  Ce fut un peu la même chose lorsque ma sœur m’a offert sa contribution, j’avais l’impression que cette scène typique se répétait entre elle et moi.  Mais j’ai fini par accepter ce qu’elle m’offrait, car ça lui faisait plaisir.  Elle est touchante ma sœur.  C’est d’ailleurs pourquoi l’idée de la solitude à venir me pesait un peu.  Se délier des gens qu’on connaît, c’est le but du voyage.  N'empêche que ça amène un lot de sentiments mélancoliques.  Surtout que je ne vais pas croiser personne avant Élise, le 27.



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J'ai monté la côte sur la rue de ma soeur avec mon lourd fatras de bagages,

direction la rue principale afun rejoindre la piste cyclable.  Ma soeur m'a

regardé partir jusqu'à ce que je la perde de vue.  Ça m'a touché d'avoir

l'impression que ma soeur veillerait sur moi à distance.


J’ai dû partir en vitesse, car l’autobus partait à 9h45, et je devais arriver 45 minutes avant le départ pour mettre mon vélo en boîte.  Il était 8h30 quand j’ai quitté ma soeur, et je devais descendre pendant 20 km pour me rendre jusqu’au Fleuve.  Ayayaye!  Un couple en vélo a essayé de faire la conversation avec moi, mais j’ai dû les semer comme un sauvage par peur de ne pas arriver à temps.



Québec


Je suis arrivé à 9h30 à Expédibus (15 minutes avant que le bus parte).  Au départ, ils me disent que c’est trop tard pour les colis par autobus.  Mais après d’honorables supplications de ma part, ils me laissent mettre mon vélo en boîte (à condition que j’apporte la boîte moi-même à l’autobus).  15 minutes plus tard, la boîte du vélo, mon tas de bagage, et l’achat de mon billet ne m’ont pas empêché de partir.  J'ai le cul béni!



Baie Saint-Paul

 

Sur le chemin vers Forestville, je vois les décors majestueux de Baie-Saint-Paul filer rapidement sous mes yeux… mais aussi les pentes gigantesques que j’aurais eu à monter.  La vue du fleuve, le vrai, que je vois pour la première fois depuis très longtemps, m’émeut.  J’ai sorti mon lecteur MP3 pour écouter le Spiegel Im Spiegel de Arvo Pärt.  Cette musique aux motifs sur piano se répétant à l’infini participe à ce moment très pur vécu quand on se retrouve face au fleuve.  Je ne sais pas pourquoi, je me suis mis à pleurer toutes les larmes de mon corps à ce moment.  Le fleuve me fait du bien, comme s’il m’éloignait des complications de la ville.  Le fleuve, c’est la nature dans l’une de ses plus simples expressions; de l’eau et de l’eau à perte de vue vers l’infini.  L’épurement au sens figuré de mon âme sclérosé du trop-plein de la ville.



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Le bord du Fleuve, en direction de Forestville



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La ville de Tadoussac au loin.



Tadoussac



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Baie Sainte-Catherine vue du traversier vers Tadoussac



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L'une des pointes de Tadoussac, endroit parfait pour admirer les baleines.



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sur le traversier en direction de Tadoussac



J’ai eu un p’tit pincement au cœur en traversant la ville de Tadoussac.  La nostalgie s’est emparée de moi.  Je me suis mis à me remémorer ces 4 jours paradisiaques que j’y avais passé en été 2008.  Tristesse.  Je voulais tellement débarquer là.  Je voulais retrouver le port, l’anse, les pointes rocailleuses, les dunes de sables, l’achalandage de touristes, la vie communale à l’Auberge de Jeunesse.  On dirait que de passer par là sans m’arrêter a renforcit ma sensation de me diriger tout droit vers l’inconnu, et la solitude…



Portneuf-sur-Mer   


J’ai été déçu quand je suis débarqué à Portneuf-sur-Mer.  L’autobus ne pouvait pas entrer dans la ville en raison de travaux.  Le chauffeur d’autobus m’a donc débarqué avec ma boîte de vélo sur le bord de la 138 qui passait en plein milieu de la forêt.  Aucune trace du fleuve.  Moi qui voulait en sentir son odeur.  J’ai dû remettre la roue et les freins

avant de partir.  Laborieux.  Je perdais constamment les vis dans le sable.  Mais j’ai finalement réussi à repartir au bout d’une demi-heure.



Forestville


En 45 minutes, j’ai franchi les limites de Forestville.  Là où je voulais le parfum de la mer, ça sentait le sapin à plein nez.  Il y avait des épinettes à perte de vue.  Tiens donc!  C’est donc pour ça que cette ville s’appelle Forestville. 

J’ai dû descendre toute la ville (assez moche, plutôt industrielle) pour me rendre au fleuve, afin de prendre le traversier pour Rimouski.



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Forestville, là où le bois et le Fleuve se rencontrent.



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en attente du traversier pour Rimouski



sur le traversier pour Rimouski



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Forestville derrière



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Rimouski droit devant



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La cantine du traversier



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Ma nausée est-elle perceptible?



Sur le traversier, j’y ai goutté au parfum de la mer.  Je suis sorti sur le pont, et ça fouettait.  Il ventait terriblement, et l’air était frais.  Rafraîchissant!  Mais le mal de cœur m’a pris assez vite quand les côtes ont disparus de mon regard.  Je me suis donc assis à l’intérieur, en avant, en fixant l’horizon. 



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Terre droit devant!



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Rimouski!



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La cale ou le parking, c'est selon.



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Rimouski (1re partie)



C’est en débarquant à Rimouski que j’ai senti que mon voyage commençait réellement.  J’étais sur la 132, en ligne droite vers Percé.  Et la vue du Fleuve à ma gauche m’énergisait.  J’ai donc appelé mes parents et mon coloc pour propager la bonne nouvelle.  Après, j’ai essayé de trouver un motel.



La nouvelle destination: Percé!!

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carte no.01 du trajet vers Percé (cliquez pour agrandir)


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carte no.02 du trajet vers Percé (cliquez pour agrandir)



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Au loin, le Parc du Bic, que je visiterai au retour.



Je me suis arrêté dans un parc pour souper.  Il y avait deux personnes qui y pratiquaient le karaté.



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Sous cet abri, l'endroit parfois pour souper et regarder le large.



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Ça brassait dans le parc!



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Pointe-au-Père (1re partie)



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un sous-marin au bout de la rue?  À visiter au retour!



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Sainte-Luce



La noirceur venue, incapable de trouver une place vacante pour dormir, j’ai décidé de coucher dans un champ sur le bord du fleuve à Sainte-Luce.  Mon repos a été bien mérité.       



 

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19 juillet 2010

Jour 8 - lundi 19 juillet 2010

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Ma soeur avec son chum, novembre 2006



Jour 8 – lundi le 19 juillet 2010


Ce jour là, je me réveille le matin chez ma sœur Émilie complètement épuisé.  Je me demande comment je vais faire pour me rendre à Baie-St-Paul.  En plus, il pleut dehors, ce qui n’aide en rien mon moral.  Je crois que j’aime bien le confort du nouvel appartement d’Émilie.  En plus, Pierre répond à un téléphone de ma sœur qui m’invite à souper.  Elle ramènera des pizzas du resto où elle travaille.  C’est gagné!  Je reste pour la journée.  J’en profite pour refaire le plein de bouffe à l’épicerie en accompagnant Pierre au supermarché du coin.  Entretemps, le soleil sort et me permet de mieux découvrir Loretteville et Wendake, le quartier des premières nations.  J’ai vraiment sous-estimé cette ville annexée à Québec.  Très culturelle, très urbaine.  Et un sublime parc longe la rivière Saint-Charles jusqu’au Fleuve sur à peu prêt 20 km.  Je ne m’attendais pas à me sentir touriste en m’arrêtant dans le coin de Québec.



Wendake



J’ai particulièrement aimé le parc Kabir-Kouba sur la réserve indienne de Wendake.  Les formations rocheuses qui longent la rivière Saint-Charles autour des chutes Kabir-Kouba m’ont pas mal impressionné.



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Vue de Québec à partir du quartier Wendake.  Au delà de la ville, le fleuve m'attend



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Le centre-ville de Wendake et ses mignones petites maisons.  Étonnamment, c'est très urbain

et culturel comme petite ville.    À conseiller: le restaurant amérindien Sagamite.



J’ai aussi appris à connaître un peu mieux mon beau-frère.  Lui que je croisais toujours  brièvement dans des soupers de famille (ces fameux moments où il se dit beaucoup de mots, où on parle beaucoup, mais sans se dire quoi que ce soit.).  Et ça me frappe à quel point ces soupers ont toujours été inefficaces pour se rapprocher les uns les autres.  Il y a presqu’une décennie que ma sœur est avec son chum.  Et de multiplier les rencontres autour d’une table bondé de monde au cours de ces années ne nous a jamais permis d’aller au-delà de ces discussions autour du nouveau « toaster », de l’essoreuse à salade, ou de la voisine d’en face.  Je ne pourrais dire d’où nous vient ce mouvement de replis à tous et chacun, mais il est clair que cette tendance à la superficialité vient d’une peur de se retrouver face à l’autre, d’une crainte de créer des liens véritables et profonds.  Là, j’ai trouvé chouette de me trouver seul à seul avec mon beau-frère.  Bien sûr, nous n’avions pas le choix d’essayer de se rapprocher.  Et pour ma part, ça vaut mieux que des tonnes de souper de famille pendant 10 ans.  Je l’ai d’ailleurs croisé par hasard dans le parc Kabir-Kouba en allant prendre une marche dans l’après-midi.   On avait eu la même idée de se promener là.  On a parlé de l’art difficile d’élever des enfants; sujet riche et délicat.  On a pu croiser nos visions sur la chose.  La sienne était nourrie d’une certaine sagesse puisqu’il est déjà père d’une grande fille, et qu’il redeviendra parent aux côtés de ma sœur très possiblement dans un proche avenir.  À côté, ma vision était vraiment plus détachée, plus extérieure, plus naïve.  D’un bord j’aimerais beaucoup avoir des enfants, candidement, sans trop connaître les implications véritables.  Ensuite, j’estime ne pas être suffisamment prêt pour en avoir, sans trop connaître les véritables raisons non plus (outre le manque de moyen et tout ce tralala sans poids, outre l’absence d’une copine).  Intéressant.  De cette courte discussion, j’ai l’impression qu’on en a beaucoup appris sur nous deux.



Loretteville, 2e partie



Ensuite, j’ai eu une soirée super sympathique avec ma sœur et Pierre.  Nous nous sommes assis tous les trois autour d’une table, mais sans perdre cette qualité intime, cette ouverture que l’action de manger, de mastiquer, de racler la bouffe, aurait pu nous enlever.  Dieu sait qu’en famille, ces gestes peuvent nous inspirer l’évasion de la petite souris dans notre tête, et par le fait même entraîner une certaine absence d’esprit.  Mais à ce moment, il était impossible que ça arrive, car nous étions peu nombreux, et il y avait un rapprochement véritable.  Et décidément, nous sommes devenus matures ma soeur et moi.  Nos mesquineries d’enfance sont loin derrière.  Et je rajoute à cela que ma sœur vit dans un environnement qui semble la rendre heureuse elle et son chum.  Par le fait même, je m’y sentais bien moi aussi.  C’est comme si, loin des parents, nous pouvions nous comporter enfin comme des adultes.  C’est quelque chose qui me fait énormément plaisir. 

On a fini la soirée en regardant en famille la série « The Unit » créé par David Mamet.  Chouette série que je vais louer à mon retour à ma vie casanière?  Hum, on verra.



 

18 juillet 2010

Jour 7 – dimanche le 18 juillet 2010

Jour 7 – dimanche le 18 juillet 2010


Je me suis levé assez tôt, car ma tente était à découvert et le soleil me plombait.  Pour ma part, je trouve que c'est la meilleure façon de se réveiller au monde.

J’étais bien motivé à rejoindre la piste cyclable de Rivière-à-Pierre (celle qui descend jusqu’à Québec) et dépasser la capitale pour aller rejoindre Baie-Saint-Paul au nord.  J’ai enfourché ma bicyclette et, malgré le ciel un peu nuageux, j’ai commencé ma journée d’un enthousiasme à tout épreuve.



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Ma face de réveil à Rousseau.  Crédible non?



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Aucune trace de civilisation entre Rousseau et Rivière-à-Pierre.



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La route 367 longe la rivière à Pierre pendant un bon bout à travers les montagnes.



Rivière-à-Pierre



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L'entrée de Rivière-à-Pierre



La pluie a essayé de ramener mon découragement de la veille, mais pas de bol pour elle; j’étais déjà confortablement assis dans le resto Chez Zachary à Rivière-à-Pierre pour dîner.  Gnahaha!  Cool resto en passant.  Le premier bâtiment érigé au début du 20e siècle, bien avant la naissance officielle du village (je n’ai pas pris de photo, car le bâtiment a été rénové de façon assez quelconque).  Rivière-à-Pierre ressemble à un petit village western qu'on aurait transposé en forêt.



prochaine destination: Québec (par la Vélopiste Jacques-Cartier/Portneuf)


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(Cliquez pour agrandir)



J’ai repris la route, et le soleil est revenu pour ne jamais me quitter de la journée.  Assez spéciale cette piste cyclable entre Rivière-à-Pierre et Saint-Raymond de Portneuf.  C’est la forêt vierge qu’elle traverse, passant entre montagnes et sapins.  Un remède immédiat à la ville et son brouhaha incessant.  J’ai pris des tonnes de photos (ce qui m’a retardé un peu beaucoup).



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La piste cyclable en direction de Québec




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Saint-Raymond-de-Portneuf



J’ai également été faible.  Je me suis arrêté à Saint-Raymond pour appeler mon ex.  Elle m’a demandé de l’appeler une fois rendu là, car elle passe souvent du temps chez sa mère dans la ville d’à-côté.  Elle voulait m’accompagner, faire un bout de trajet avec moi en vélo.  J’ai été faible de lui dire que je le ferais, étant donné que je voyais un peu mon voyage comme une façon de reconnecter avec moi, loin d’elle, et de la laisser décrocher par la même occasion.

 

Son cellulaire a sonné à Montréal.  C'est peut-être une bonne chose qu'elle n’ait pas été chez sa mère.  On s’est parlé brièvement.  C’était un peu froid.  Des formules d’usages, rien de très profond.  J’ai senti un peu de gêne de sa part.  En raccrochant, je me suis dit qu’elle était sur la bonne voie du détachement.  Nos cicatrices étaient en train de se refermer finalement.  J’ai repris route avec un double sentiment contradictoire.  D’une part elle me manquait terriblement, ensuite je me sentais indifférent de ne pas l’avoir croisé comme prévu.  Bizarre sensation.  Heureusement, je devais me remettre à pédaler.  Et mon sentiment bizarre a disparu rapidement.



Lac Sergent




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Shannon



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La rivière Jacques-Cartier



À un moment donné, je savais que je ne dépasserais pas Québec.  Mon but était un peu trop ambitieux.  Et quand le soleil a pris la décision de se coucher, je me suis mis à me demander si j’allais atteindre Loretteville (où habite ma sœur).  L’idée de trouver refuge chez ma sœur était de plus en plus persistante à mesure que la noirceur s’installait, malgré le fait que j’étais un peu gêné d’aller dormir là.  L’idée m’intimidait étant donné l’absence de ma sœur (en visite chez mes parents), et le fait que je ne connaisse pas encore très bien son mari.  Mais qu’à cela ne tienne.  Je crois que j’avais besoin de rencontrer quelqu’un d’un peu connu.  Les retrouvailles avec le connu font du bien quand la route devient ardue.  Et on se rend compte de la valeur des gens qui nous sont proches dans des moments comme ça.  Et puis, j’avais besoin de beaucoup de repos sous un toit autre que celui de ma tente, surtout que la journée m’a extenué plus que jamais (l’idée de vouloir dépasser Québec surtout).



Val-Bélair



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Premier signe de la civilisation urbaine.  La ville de Québec n'est pas loin.



Loretteville


Je suis arrivé à la noirceur.  Pierre m’a reçu, bien sympathique.  J’ai pris ma douche et je me suis couché presque aussitôt.




(veuillez tourner la page en cliquant sur "page suivante >>" en bas).



17 juillet 2010

Jour 6 - samedi le 17 juillet 2010

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En 2007, à l'arrivée d'un de mes nombreux périples à vélo de Montréal à Lac-à-la-Tortue



Jour 6 – samedi le 17 juillet


Je suis reparti à 15h30 de l’après-midi.  On dirait que j’ai procrastiné toute la journée.  D’une part parce qu’une menace d’orage profilait à l’horizon (pas sûr de vouloir partir en plein orage).  Ensuite, parce que les préparatifs de mon "re-départ" se sont transformés en une entreprise colossale.  C’était comme si j’avais eu peur de ne pas pouvoir traîner tout le confort de la maison familiale avec moi.  Quand j'ai les deux pieds dans la ouate, je me rends compte qu’il m'est extrêmement facile de sous-estimer les ressources que je peux avoir en temps de crise.  On aurait dit je m’employais à tout appréhender les pépins avant de me remettre en selle.  Mortel.  Je me suis mis à obséder sur mon frein avant qui frottait légèrement sur la roue.  J’ai perdu trop de temps à essayer de régler le problème, alors que ce n’était pas la fin du monde.  Mon père m’a prêté un tournevis adéquat au cas où.



prochaine destination: Rivière-à-Pierre


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Carte no. 02 - en direction de Rivière-à-Pierre


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Carte no. 01 - en direction de Rivière-à-Pierre

(cliquez pour agrandir)



J’ai quand même pu profiter d’un bon moment dans la matinée.  Je suis allé déjeuner au nouveau resto Le d'Hélice (eh oui!) sur le bord du Lac-à-la-Tortue avec des membres de ma famille (dont mon très bon pote et cousin Kevin).  J’aurais préféré que ce déjeuner se passe plus tôt pendant mon séjour, et non juste avant de repartir, car ça m’a donné envie de rester plus longtemps.  En fait, c’est peut-être l'idée que j'allais me retrouver seul qui m’a empêché de repartir plus tôt aujourd'hui.



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Avec ma môman, avant mon re-départ.


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Avec mon pôpa, avant me re-départ.



Hérouxville



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Les nuages se sont éloignés quand je suis parti.  Mais d’autres sont arrivés une heure plus tard.  Il s’est mis à pleuvoir finalement, et j’ai dû sortir mon poncho de pluie en plastique.  Le tonnerre s’est mis de la partie lui aussi, et ça a commencé à me faire un peu peur.  Je m’imaginais la tête explosée par un éclair.  Oui, mon imagination dérape par moment.  Mais avec la quantité de plastique sur moi, j’ai réussi à me rassurer que je n’étais peut-être pas un conducteur d’électricité de grande qualité.  J’ai continué à rouler. 

Je me sentais si seul sous cette pluie!  Croyez-le ou non, je me suis mis à chanter « Love Me Tender » de Elvis Presley pour me donner du courage.  Et ça fonctionnait.  Je me suis mis à aimer la pluie.  Elle me détendait.  Et puis, j’avais le vent dans le dos qui me poussait à une vitesse astronomique une fois de plus.

 



St-Tite



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Les nuages se sont éloignés quand je suis parti.  Mais d’autres sont arrivés une heure plus tard.

Il s’est mis à pleuvoir finalement, et j’ai dû sortir mon poncho [...]  je me suis mis à chanter

« Love Me Tender » de Elvis Presley pour me donner du courage.



Sainte-Thècle



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Entre deux ondées de pluie, je me suis arrêté pour souper à Sainte-Thècle dans un parc sur le

bord du lac Croche.  Au menu, des sandwiches au thon avec bagels.



Hervey-Jonction



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La pluie a cessé vers Hervey-Jonction, et le soleil est revenu dans mon dos.



Rousseau (Notre-Dame-de-Montauban)



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Ma face de ti-coune dans mon costume de pluie.  Je prenais

une pause vélo dans l'humidité de la forêt à Rousseau, sur le

bord de la rivière Batiscan.



 

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La rivière Batiscan



Étant donné que le soleil se couchait déjà, j’ai paniqué à l’idée de me trouver un endroit où monter ma tente.  J’étais dans le Nord, en plein cœur d’une forêt dense, avec des ours.  Par chance, j’ai trouvé un ancien champ d’agriculteur loin de la forêt, et près de l’autoroute.  L’endroit parfait pour éviter de tomber nez à nez avec un ours.  Épuisé, j’ai monté ma tente et je suis tombé dans le monde des rêves assez rapidement.



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Le plateau sur lequel j'ai monté ma tente, en haut d'une colline, donnait une fantastique vue

sur l'église du Lac-aux-Sables.



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Épuisé, j’ai monté ma tente et je suis tombé dans le monde des rêves assez rapidement.                          

16 juillet 2010

Jour 5 - vendredi le 16 juillet 2010

Jour 5 - vendredi le 16 juillet 2010



Lac-à-la-Tortue


Le confort

Je suis trop bien chez mes parents.  Ma mère me fait à manger, s’occupe de moi.  Et puis, il y a le confort d’un lit à modique somme.  C’est gratuit!  De plus, il y a cet accès à Internet.  Je pourrais rester là toute ma vie!  Seulement, je dois repartir.  Cette idée de confort parasite mon cerveau.  Il l’a parasité ces derniers mois.  Je ne dois pas oublier que j’ai organisé ce voyage pour me réactiver.  Je dois repartir tôt, avant que le confort redevienne trop soutenable. 

Il mouille dehors, cela renforcit ma sensation de bien-être douillet.




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En soirée, je n’ai pu m’empêcher d’aller au cinéma pour voir Inception, le dernier film de Christopher Nolan fraîchement arrivé au cinéma Biermans de Shawinigan.  Comme je ne sais toujours pas si je trouverai des cinémas en Gaspésie, j’en ai profité. 

Je n’ai jamais particulièrement aimé le cinéma de Christopher Nolan, mais je n’ai pu m’empêcher d’aller voir son dernier film quand même.  Peut-être à cause de la dimension « science-fiction ».  Mais aussi, parce DiCaprio est un acteur fascinant.

J’ai toujours reproché à Nolan une certaine lourdeur dans son écriture.  Ses œuvres, très dialoguées, très bavardes, ont tendance à « surintellectualiser » leur propos en prenant de très grands sabots.  Ce pourrait être fascinant si le réalisateur laissait un peu respirer ses films.  Mais du début à la fin, chacun d’eux se noie d’une noirceur suffocante qui empêche une certaine implication émotionnelle.  En d’autres mots, ça finit par sentir le renfermé. 

Inception est toutefois une réussite.  C’est un film intelligent qui ne s’oblige pas à le crier sur tous les toits.  Et surtout, il ne se résume pas à son intelligence.  C’est une œuvre fun et émouvante également, humaine.  Je dirais même qu’on est pas loin du chef-d’œuvre.  En fait, ç’en est carrément un, dans sa maîtrise, son équilibre, sa subtilité, sa cohérence.

Le thème du rêve m’a aussi beaucoup touché, étant moi-même piégé dans les miens.  Le film traite d’espionnage industriel recourant à des méthodes futuristes (comme d’entrer dans les rêves des gens pour les espionner, et suggérer des idées à leur subconscient).  Mais j’ai surtout été touché par la présence de Marion Cotillard dans le rôle d’Ariadne, l’ex de Cobb (DiCaprio).  Son image ressurgit comme un parasite durant les opérations rêvées de Cobb, et finit par développer un système de défense inhérent à sa véritable personne et quasi indépendant de Cobb.  Ça tombe pile, j’ai justement l’impression d’être envahi par ce genre d’images sophistiquées en ce moment.  Qu’on m’enlève ça de la tête!!  Vite!!!                    



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15 juillet 2010

Jour 4 – jeudi le 15 juillet 2010

Jour 4 - jeudi le 15 juillet 2010




Je me suis levé à Saint-Gabriel-de-Brandon par une journée ensoleillée. Ma tête s’est mise à ressasser l’air d’une chanson de Owen Pallett : Lewis Takes Off His Shirt.  En écoutant cette chanson, je ne peux m’empêcher d’imaginer de grands espaces vastes éclairés par les rayons d’un soleil matinal.  Je vois du mouvement également (la rythmique de la « toune » évoquant en moi celle d’une fuite à travers la nature, à dos de cheval).  Si j’avais un vidéoclip à faire sur ce morceau, il serait constitué des plans aériens d’une caméra qui me suit à travers les montagnes.  Cette musique donne trop envie de sentir le vent.



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J'ai monté ma tente sur le bord d'une vallée à Saint-Gabriel-de-Brandon



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Je me suis levé à Saint-Gabriel-de-Brandon par une journée

ensoleillée.



Sur la route, j’ai vu des vaches et chevaux encore et encore.  La routine de la veille quoi!  Mais ça ne m’a pas blasé.  Contrairement à la veille, mon enthousiasme était inébranlable.  Peut-être parce que je savais que j’atteindrais Shawinigan et Lac-à-la-Tortue à la fin de la journée.  Mon objectif était plus clair, moins vague.  Je devais rejoindre mes parents, comme j’ai rejoint Caroline 2 jours avant.


Je me rends compte que la solitude est lourde en voyage.  L’idée de rejoindre quelqu’un me fait du bien.  C’est mon moteur je crois.  J’espère rencontrer beaucoup de gens pour ne pas avoir une trop grande baisse d’énergie durant ce voyage.  J’espère rencontrer du nouveau monde surtout.  Mais j’avoue que l’idée du confort familial me réconforte plus que tout… surtout après avoir pédalé autant de milles.  Bizarre, alors que je trippe tellement à rouler à travers les montagnes.



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Saint-Didace



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Saint-Alexis-des-Monts





Après les vaches et les chevaux, j’ai traversé la forêt dense de Saint-Alexis-des-Monts.  Je me suis arrêté pour dîner au restaurant Nouvelle France, une magnifique taverne/resto en bois rond style « Nouvelle France » justement.  Il y avait des barils de bois partout et les serveuses étaient habillées en paysanne.  Je me suis assis à une table, et j’ai sorti le livre À Ciel Ouvert de Nelly Arcan que j’avais entamé en ville.  Je me suis rendu compte que c’était un drôle d’endroit pour lire un livre aussi urbain.  Il y avait de la musique traditionnelle qui jouait.  C’était le disque de Fred Pellerin (le conteur) et de son frère Nicolas Pellerin.  Jusqu’alors, je n’avais jamais vraiment accroché à ce genre (on s’entend qu’en milieu urbain, cette musique n’a pas vraiment de poids à côté de celle de Owen Pallett par exemple).  Mais à ce moment particulier, au milieu des bois, ça fonctionnait parfaitement.  Ça devenait même inspirant.  Ça m’a même donné envie de me procurer le CD à mon retour.  J’ai commandé un repas des rois : saucisse sur choucroute avec soupe brocoli.  Miam!  Après je suis remonté sur mon cheval.



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Je me suis arrêté pour dîner au restaurant Nouvelle France, une magnifique taverne/resto

en bois rond style « Nouvelle France » justement.



Saint-Paulin



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Shawinigan



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Shawinigan: le barrage sur la rivière Saint-Maurice avec au loin la tour de la cité de l'énergie.



J’ai atteint la rivière Saint-Maurice à 17h.  J’avais l’impression de flotter dans les airs en descendant toutes les côtes qui longeaient le cours d’eau.  Un stimulant assez efficace.  Il faut dire que j’étais aussi très content de revenir au bercail, dans ma ville natale.  J’ai soupé sur les rives devant le barrage, et j’ai jasé avec un jeune cycliste qui venait de faire le tour du coin.  Ce fut la première rencontre de mon voyage.


Je suis finalement arrivé à Lac-à-la-Tortue à 19h.  J’ai été voir ma mère à son job pour lui faire la surprise (j’avais de l’avance, elle m’attendait le lendemain).  Puis je suis rentré à la maison, où mon père jouait à des jeux sur l’ordi.  On a jasé de tout et de rien, de l’état de mon « becik », des dangers qui m’attendaient : les ours, les gens louches.  Cré p’pa!  N’empêche que c’est principalement à cause de mes parents que je m’emploierai à faire attention à moi durant ce voyage.  Je leur dois ça.



PopaMomanWeb  

     

14 juillet 2010

Jour 3 - mercredi le 14 juillet 2010

Trajet vers la prochaine destination: Lac-à-la-Tortue (Shawinigan) - (cliquez pour agrandir les cartes)

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Carte no. 5 - vers Lac-à-la-Tortue


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Carte no. 4 - vers Lac-à-la-Tortue


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Carte no. 3 - vers Lac-à la-Tortue


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Carte no. 2 - vers Lac-à-la-Tortue


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Carte no. 1 - vers Lac-à-la-Tortue -  (cliquez pour agrandir)


Jour 3 - mercredi le 14 juillet 2010

Je suis parti à 9h30 de Saint-Jérôme l’estomac plein d’un sublime déjeuner concocté par Caroline.  Sans trop y croire, ma tentative était de me rendre à Shawinigan pour la fin de la journée. 

Mon enthousiasme s’est un peu étiolé aujourd’hui.  À bien des endroits, il n’y avait pas de voie d’accotements pour les cyclistes.  Mais mon but était de passer à l’intérieur des terres sur de petites routes ardues qui n’étaient desservi d’aucune piste cyclable, alors j’ai dû m’y faire.  Ça valait la peine de toute façon, car j’ai été servi au niveau dépaysement.  Des champs d’agriculteurs, des vaches, des chevaux, etc.



Saint-Lin-Laurentides


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Saint-Liguori


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Sous un pont devant la rivière Ouareau à Saint-Liguori (secteur Montcalm)


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La chaleur de cette journée était accablante.  Je me suis donc trouvé un petit boisé peinard pour

passer l'après-midi devant la rivière Ouareau, non loin du pont



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J’ai particulièrement aimé les cascades de la rivière Ouareau (passant à Saint-Liguori) dans

lesquelles je me suis baigné.  C'était plus que bienvenu en cette chaleur.



Saint-Ambroise-de-Kildare 



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Sur la 343, en direction de Saint-Ambroise-de-Kildare



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Saint-Cléophas-de-Brandon



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Saint-Gabriel-de-Brandon



Je n’ai pu me rendre à Shawinigan.  J’ai dû monter ma tente sur le bord d’une vallée à Saint Gabriel de Brandon. 

(les photos demain)          

13 juillet 2010

Jour 2 - mardi 13 juillet 2010

Jour 2 - mardi 13 juillet 2010


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photo Google Map (Street View) de l'endroit où j'ai monté ma tente la première fois, à Blainville


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Mirabel

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Piste cyclable en direction de Saint-Jérôme

Saint-Jérôme


Je suis arrivé à Saint-Jérôme à 11h45 par une journée brumeuse.  Caroline n’était pas à la maison.  J’étais vraiment déçu.  Je n’ai pas pu la rejoindre par téléphone pour lui signifier mon retard, je lui ai simplement envoyé un e-mail (qu’elle n’a peut-être pas pris).  Pour moi, c’était clair qu’elle s’était prévue quelque chose d’autre à faire.  J’ai décidé de repasser plus tard, après dîner. 

Encore une fois, je suis assez chanceux avec la température.  Il s’est mis à pleuvoir au moment où je suis entré dîner au bistro devant l’ancienne gare.  Quand je suis ressorti, ça avait cessé.  Gloire à Zeus!   

Je suis retourné chez Caroline plusieurs fois dans l’après-midi.  Toujours pas là.  J’en ai donc profité pour visiter de fond en comble cette ville que j’avais habitée il y a maintenant 11 ans de cela.  Incroyable!  L’épicerie IGA est devenue un bar micro-brasserie Au Dieu du Ciel!  Et puis il y a de nouveaux bâtiments partout, dont une nouvelle gare-terminus magnifique, tout en bois traité.  C’est une ville super propre et invitante maintenant, à des années lumières de cette ville de B.S. (surnom dont elle fut affublé jadis).  La seule chose qui n’a pas changé : les trottoirs de bois longeant la rivière du Nord avec les vieux panneaux d’interprétation sur le passé de la ville (toujours remplies de feuilles mortes), ainsi que le cinéma Le Carrefour du Nord, identique à cette journée de mai 1999 où j’avais attendu toute la journée en file d’attente avec mes potes du cégep pour me procurer des billets pour Star Wars : Episode I – The Phantom Menace, et sa première représentation de 12 :01.

Finalement, en voulant quitter la ville, j’ai croisé Caroline, par hasard, à la Gare de Saint-Jérôme.  Ironiquement, elle revenait de Montréal.  Elle y était pour faire quelques commissions.  Elle m’a donc invité à souper.  Encore une fois ça tombe bien, puisqu’il s’est mis à tomber des cordes.

Chez Caro, j’en ai profité pour prendre une bonne douche, et faire mon lavage.  C'est là que je me suis accidentellement trouvé nez à nez avec un miroir.  Je me suis rendu compte à ce moment précis que je ne m’étais pas miré dans une glace depuis une journée entière.  Diantre que ça m’a fait du bien bordel!  Je m’étais carrément oublié.  Quelle légèreté de laisser sa bouille derrière soi, dans le dernier miroir qui l’a reflété.  C’est fou à quel point une image peut peser quand on ne fait que la chercher.  Bien heureusement, je ne m’étais pas déplacé jusqu’à Saint-Jérôme pour me regarder dans le miroir.   

Malgré mon retard d’une journée, Caro m’a reçu comme un roi, en recyclant le repas qu’elle m’avait préparé pour la veille.  On a longuement jasé (je ne l’avais pas vu depuis presque un an).  Elle resplendit.  Caro, c’est un peu mon inspiration.  Une fille extrêmement douée pour le bonheur qui s’est finalement dégagé de tout ce qui l’entravait.  Une battante. 

Elle travaille maintenant dans une librairie, et elle semble s’en accommoder très bien.  Plusieurs, dont moi, tendrait à dire que ce n’est pas la job rêvée pour nous accomplir dans toute notre splendeur d’humain.  Mais Caro m’a donné une leçon d’humilité.  Je n’ai jamais vu une personne parler de son job avec autant d’étincelles dans les yeux.  Pour elle, ce n’est pas une occupation qui ne fait que la contenter, c’est une opportunité qui lui a été donnée et qu’elle a choisit d’honorer dans l’instant comme la chose la plus importante au monde.  Ça m’a donné une claque, moi qui se fais du mal à s’accrocher à des rêves impossibles et démesuré, et qui finit par ne rien faire.

Je l’ai regardé bricoler une carte de fête pour un confrère de travail de la librairie où elle travaille.  Il tripe sur les figurines de Schtroumpfs (celles personnifiant des personnages célèbres).  Ça tombe bien, Caro est la pro du département jeunesse.  Elle a conçu cette carte avec un enthousiasme de p’tite fille.  C’était beau à voir.


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On a finit la soirée en écoutant le film Little Miss Sunshine (2006) de Jonathan Dayton et Valerie Faris, que je n’avais pas encore vu.  C’est un film à la fois très cynique et très tendre envers ses personnages (une famille qui traverse les États-Unis dans leur bus Volkswagen pour que leur fille puisse participer à un concours de beauté).  J’ai trouvé ça superbement mis en image, super coloré, super bien écrit, super bien joué (surtout par Steve Carrel).  Super film quoi!  J’ai ri et j’ai été touché par ces personnages errants en quête de reconnaissance instantanée.  Je me suis vu là-dedans en quelque sorte.



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Little Miss Sunshine (2006) de Jonathan Dayton et Valerie Faris

12 juillet 2010

Jour 1 – lundi 12 juillet 2010

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première destination: Saint-Jérôme.

Trajet: la piste cyclable du Parc Linéaire le P'tit Train du Nord (cliquez pour agrandir)



Jour 1 – lundi 12 juillet 2010


La journée de mon départ a été un cauchemar de préparation. Je devais partir dans la matinée pour rejoindre ma bonne amie Caroline qui habite à Saint-Jérôme. Elle m’attendait pour le début de l’après-midi. Elle voulait me faire visiter cette ville dans laquelle je l’avais rencontré il y a 13 ans et que j’avais habité pour mes études en cinéma. Malheureusement, au moment d’empaqueter mes trucs, je me suis aperçu que l’une de mes sacoches arrière ne pouvait s’accrocher à mon porte-bagages. Pas compatible. J’ai dû me rendre à la MEC au marché central pour échanger ce foutu item. J’ai perdu 2 heures et demi, et ce simple événement m’a épuisé pour la journée entière. Heureusement, l’idée de me trouver à Saint-Jérôme et d’entamer ce grand périple me donnait des papillons d’énergie dans l’estomac. Sans cela, j’aurais été bien découragé devant l’ampleur de mes bagages à ranger. J’ai dû en faire l’inventaire plusieurs fois pour être sûr de ne rien oublier :

-porte-bagages pour vélo (à installer)

-2 sacoches arrière

-sacs imperméables pour sacoches

-sacs à poubelles

-casque de vélo

-rembourrage pour siège de vélo

-sous-vêtements en chamois avec coussinet rembourré (oooh yeah!!)

-t-shirt sport MEC

-vêtements sportifs

-vêtements pour la ville

-chandail chaud avec capuchon

-serviette de bain.

-sandales

-petit oreiller

-tente

-matelas

-sac de couchage compact

-mini lampe de poche

-petit kit de premier soin

-clés « Allen »

-lotion solaire

-brosse à dents et pâte dentifrice

-shampooing

-savon biodégradable (à la fois pour les vêtements, le corps, les cheveux… et la vaisselle)

-détergent à lessive (dans une petite bouteille Tropicana)

-ustensiles

-mini chaudron/tasse

-bol en plastique pliable

-ciseaux

-débarbouillette

-« lighter »

-journaux à brûler

-morceaux de bois à brûler

-carte d’appel

-3 cartes mémoires (2 de 2gig, 1 de 4 gig)

-appareil-photo Canon 30D

-lentille 18-200mm Sigma

-filtre polarisant

-lecteur MP3

-écouteurs

-Cartes routières

-Guide Vélomag de La Route Verte du Québec

-Sardine et thon en conserve

-moutarde

-bagels

-riz

-sauce soya

-beurre de peanuts

-sachets de gruau

-soupe en conserve

-légumes en conserve

-jambon en conserve

-sacs à sandwich

-le livre « À Ciel Ouvert » de Nelly Arcan

-le livre « Je vivais seul dans les bois » de Henry David Thoreau

Ouf! Ce fut une sacrée job de tout faire rentrer dans mes sacs. Vers la fin, plus rien ne voulait se comprimer. C’était encore pire que la boîte à lunch du gros Fred Caillou. J’ai dû abandonner des trucs, surtout du linge. Et j’ai recouru à un sac qui s’attache sur mes guidons pour transporter mon appareil photo (le plus gros morceau).

Avant de partir, j’étais hyper nerveux. J’avais tellement peur d’oublier quelque chose que je retardais sans cesse mon départ. Je recommençais indéfiniment l’inventaire de mon stock. Je voulais que tout soit parfait, comme si je ne voulais pas quitter mon confort. Les sacoches arrières accrochées à mon porte-bagages étaient si lourdes qu’elles débalançaient mon vélo. J’ai dû aller faire une balade d’essai dans la ruelle pour m’assurer que je pouvais réellement partir. Et ça ne m’a pas convaincu. Le vélo roulait, mais j’avais l’impression qu’il allait s’affaisser durant mon voyage. J’ai dû me faire à l’idée que tout allait être un peu chambranlant. De toute façon, l’aventure, la précarité, c’est tout ce dont j’ai besoin.



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J'ai dit aurevoir à mon chat Chakotay après l'avoir laissé profiter de mon lit pour la dernière

fois avant de fermer la porte de ma chambre pour 1 mois.


J’ai salué mes colocs pour la troisième fois de la journée et je suis parti, vers 17h30 du soir par une température ensoleillée. Je n’y croyais pas trop au début. Je ne me voyais pas me rendre à Percé avec tout cet attirail. Ce fut un mélange d’excitation et d’appréhension. Ma tête a pris une bonne heure avant d’arrêter de tourner. Je pensais à tout cet argent englouti dans l’équipement, à l’abondance inutile de mes bagages, à la lourdeur de ma cadillac. Je me sentais hyper mal. C’est au moment de sortir de l’île que ce sentiment a disparu.



Laval


D’abord, emprunter la piste cyclable de Laval a été un plaisir. Étonnant! Ça m’a fait découvrir la ville sous un tout autre aspect, son côté jardin. La piste serpente les arrières cours, et on a presque l’impression de se trouver dans un endroit hyper bucolique. Un peu plus et j’avais envie d’y habiter. 

Aussi, je roulais à une vitesse plaisamment incroyable. Avec toutes mes babioles pesantes, j’étais étonné de fendre l’air avec autant d’aisance en donnant aussi peu de coups de pédales. J’avais envie de crier « Li-ber-té!!!!! » à pleins poumons. Je vivais une frénésie incroyable. Mon énergie est revenue de ce simple fait. Je me suis alors dit « tabouère, pas obligé d’aller si loin pour la retrouver finalement ». Mais dans le fond, c’est cette idée d’avoir à me rendre aussi loin qui m’a donné cette impression fulgurante de me libérer de quelque chose. Et c’est à ce moment précis que j’ai oublié toutes mes inquiétudes. J’ai compris que mon argent n’avait pas été gaspillé en vaines dépenses. Tout prenait sens. 

Je ne comprenais toujours pas pourquoi je roulais si vite parcontre. Peut-être était-ce l’enthousiasme, me dis-je. Mais en regardant derrière moi, j’ai tout de suite compris. Un gros nuage noir était stationné au-dessus de la ville de Montréal. Les dieux semblaient s’adonner à une petite séance de nettoyage. Je recevais les éclats de leur souffle dans le dos, ce qui me donnait l’impression de pédaler avec une force herculéenne. Le timing parfait! C’était comme si la ville me recrachait hors de ses entrailles. Comme si elle ne voulait plus me voir la face dans ses quartiers pour 1 mois. Le plus beau, c’est que devant moi, il y avait le soleil.



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Un gros nuage noir était stationné au-dessus de la ville de Montréal. Les dieux semblaient

s’adonner à une petite séance de nettoyage. Je recevais les éclats de leur souffle dans le dos,

ce qui me donnait l’impression de pédaler avec une force herculéenne. Le timing parfait! 

C’était comme si la ville me recrachait hors de ses entrailles. Comme si elle ne voulait plus

me voir la face dans ses quartiers pour 1 mois.



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... devant moi, il y avait le soleil.



Lorraine


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Au crépuscule, l’orage ne m’avait toujours pas rattrapé. Et je me trouvai face aux lumières de la ville de Saint-Jérôme. Enfin… c’est ce que je voulais croire. En observant de plus près, je me rendis compte que j’avais une vue imprenable sur… Montréal! J’avais tourné en rond toute la soirée entre Rosemère et Blainville, et j’étais revenu sur mes pas. En fait, la piste cyclable était si mal conçue qu’il était facile de se perdre. Plusieurs pistes s’intersectaient. De grandes sections n’étaient même pas clairement estampillées « route verte ». Alors je me suis mis à me guider aux nuages. Erreur! Car le nuage noir avait tourné semble t-il.



Blainville


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... je me trouvai face aux lumières de la ville de Saint-Jérôme. Enfin… c’est ce que je voulais

croire. En observant de plus près, je me rendis compte que j’avais une vue imprenable sur… 

Montréal! J’avais tourné en rond toute la soirée entre Rosemère et Blainville, et j’étais revenu

sur mes pas.



Là, j’ai commencé à m’énerver. Je savais que je n’arriverais pas à Saint-Jérôme comme prévu. J’ai dû me résigner à monter ma tente dans un boisé escarpé à Blainville. C’est à ce moment que l’orage a décidé de me rattraper. Une petite pluie fine s’est mise à couler pendant que je montais la tente. Rien pour me décourager toutefois. Je savais que j’allais me retrouver à l’abri assez tôt. Toutefois, en finissant de mettre le toit, j’ai entendu un cri de détresse. On aurait dit un oiseau qui se faisait manger tout cru. C’était probablement un chien ou un fauve qui se payait un snack, car on entendait parmi les cris un « grrrrr ». L’aventure est bel est bien commencé! 



p.s. : Je ne cesse de penser à Caroline qui m’a attendu toute la journée pour rien. Je suis vraiment déçu. Demain, il faut que je parte le plus tôt possible. 

Bon, je dois fermer ce cahier et m’envelopper dans mon sleeping bag. Bonne nuit. À demain! 

11 juillet 2010

Avant le départ

le journal de bord du capitaine MADOX



MON PÉRIPLE À VÉLO EN GASPÉSIE, ÉTÉ 2010



Avant le départ

Il faut que je parte!  Cette vie montréalaise a fait de moi une léthargie en si majeur.  Je me sens écrasé par mes rêves et mes redevances imaginaires envers les autres.  Si bien que je n’arrive plus à trouver d’issues hors de mes couvertures le matin.  Surtout que l’abondance montréalaise m’enveloppe de plaisirs éphémères répétés.  Cinéma, musique, resto, cinéma, musique, resto.  La culture m’asservi, en attente de je ne sais quoi.  Elle me titille aussi.  J’en suis rendu au stade où je ne peux plus ouvrir le journal « Voir » sans imaginer l’artiste sur la page couverture s’adresser à moi de sa supposée tour d’ivoire, me disant sur un ton suffisant : « J’ai réussi.  Pas toi. ».  Sauf que je ne peux pas réussir, je n’ai plus une once d’énergie.  Et de toute façon, j’ai perdu le sens du mot « réussite », à force de me faire éroder le dos, toujours dans la même direction, par cette vague cataclysmique peuplée d’innombrables personnages courant jusqu’à plus soif vers leur salut.  La vague est si haute que je ne vois pas vraiment où elle va, et pourquoi elle le fait.  Tout ce que je sais, c’est que je me sens agressé et épuisé par elle.  Je ne sais plus qui je suis dans tout ça.  Je dois sortir de la ville pour voir plus clair. 

Je voulais partir en vélo pour faire le tour des États-Unis.  Mais ce sera pour une prochaine fois (car la préparation serait trop longue).  J’ai besoin de partir maintenant, right now!  Je vais me contenter du peu que j’ai : une bicyclette usagée, ainsi que l’argent de mon retour d’impôt.  C’est suffisant pour partir 1 mois dans une région du Québec.  Je rêve de la Gaspésie depuis longtemps, n’y étant jamais allé.  Alors je crois que c’est le bon moment de m’y rendre.  Mon but principal est de passer plusieurs jours à Percé : pour le rocher, pour l’île Bonaventure, pour vivre, pour relaxer. 

Je dois aussi m’éloigner des filles, car je me laisse absorber par elles depuis trop longtemps, au point de ne plus m’occuper de moi.  Je dois m’éloigner pour un temps de mon ex (avec qui je suis demeuré ami).  J’attends encore d’elle qu’elle m’aime comme un Dieu.  Et inversement.  Ça commence à devenir malsain.  Ce voyage sera parfait.  Il nous séparera pour un temps.  Et cette séparation facilitera la coupure qui se fait attendre depuis trop longtemps.  L’idée est de développer de nouveaux réflexes tout frais, à mille lieux de cet asservissement conjugal que l’on a l’un pour l’autre. 

Cependant, je dois faire attention de ne pas me faire trop d’attentes face à ce voyage.  Je dois garder à l’esprit que je ne serai pas meilleur que ce que je suis en ce moment. Par contre, il est sûr que ce voyage m’indiquera mes forces.  En mode survie, le meilleur de nous-même sort de sa tanière.  Je retrouverai probablement une partie de mon inspiration et de mon énergie vitale.  Et peut-être je mettrai le doigt, à distance, sur le « faux » de mon existence montréalaise. 

Bien sûr, je devrai revenir à Montréal tôt ou tard, et devrai profiter de l’énergie qu’il me restera pour essayer de conserver ce combustible avant qu’il ne s’écoule. 

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