Jour 9 - mardi 20 juillet 2010
Jour 9 – mardi 20 juillet 2010
J’ai pris un peu de retard sur l’horaire en me reposant chez mes parents, puis chez ma sœur. J’ai donc décidé de prendre le bus pour me rattraper.
J’ai été dans un dilemme toute la nuit. Pourquoi me rendre jusqu’à Forestville en autobus afin de prendre le traversier pour Rimouski, alors que je peux prendre l’autobus pour Rimouski directement? Je sauverais de l’argent! Mais je suis attaché à l’idée de prendre ce traversier pendant 1 heure pour Rimouski. Moi qui a peu d’expérience naval.
prochaine destination: Rimouski
Mon trajet de Loretteville à Rimouski
Une chose me déçoit parcontre, c’est de ne pas profiter assez de la 138 en débarquant directement à Forestville. Je décide donc de m’arrêter un village avant, Portneuf-sur-Mer.
Ma journée a été un sprint d’un bout à l’autre. J’ai d’abord dit aurevoir à ma sœur avec un léger pincement au cœur. J’ai passé un bon moment avec elle, et j’aurais aimé rester plus longtemps. C’est fou ce qu’elle me fait penser à mes parents. Je reconnais ma famille dans son attitude. Elle m’a donné 40$ comme contribution à mon voyage. C’est fou ce qu’elle tient le côté maternel de sa maman. Mais elle fait également beaucoup penser à mon père par sa manie de s’inquiéter, et par sa grande générosité surtout. Je me rappelle certaines scènes de la famille de mon père où ça se chamaillait quasiment autour d’un 20$. L’un refusant l’aumône de l’autre : « Enwoueille, enwoueille, prends ça, prends ça! », « Non, non, garde ton argent ! ». Le 20$ finissait toujours par être mis de force dans la poche arrière de la personne en fuite. Ce fut un peu la même chose lorsque ma sœur m’a offert sa contribution, j’avais l’impression que cette scène typique se répétait entre elle et moi. Mais j’ai fini par accepter ce qu’elle m’offrait, car ça lui faisait plaisir. Elle est touchante ma sœur. C’est d’ailleurs pourquoi l’idée de la solitude à venir me pesait un peu. Se délier des gens qu’on connaît, c’est le but du voyage. N'empêche que ça amène un lot de sentiments mélancoliques. Surtout que je ne vais pas croiser personne avant Élise, le 27.
J'ai monté la côte sur la rue de ma soeur avec mon lourd fatras de bagages,
direction la rue principale afun rejoindre la piste cyclable. Ma soeur m'a
regardé partir jusqu'à ce que je la perde de vue. Ça m'a touché d'avoir
l'impression que ma soeur veillerait sur moi à distance.
J’ai dû partir en vitesse, car l’autobus partait à 9h45, et je devais arriver 45 minutes avant le départ pour mettre mon vélo en boîte. Il était 8h30 quand j’ai quitté ma soeur, et je devais descendre pendant 20 km pour me rendre jusqu’au Fleuve. Ayayaye! Un couple en vélo a essayé de faire la conversation avec moi, mais j’ai dû les semer comme un sauvage par peur de ne pas arriver à temps.
Québec
Je suis arrivé à 9h30 à Expédibus (15 minutes avant que le bus parte). Au départ, ils me disent que c’est trop tard pour les colis par autobus. Mais après d’honorables supplications de ma part, ils me laissent mettre mon vélo en boîte (à condition que j’apporte la boîte moi-même à l’autobus). 15 minutes plus tard, la boîte du vélo, mon tas de bagage, et l’achat de mon billet ne m’ont pas empêché de partir. J'ai le cul béni!
Baie Saint-Paul
Sur le chemin vers Forestville, je vois les décors majestueux de Baie-Saint-Paul filer rapidement sous mes yeux… mais aussi les pentes gigantesques que j’aurais eu à monter. La vue du fleuve, le vrai, que je vois pour la première fois depuis très longtemps, m’émeut. J’ai sorti mon lecteur MP3 pour écouter le Spiegel Im Spiegel de Arvo Pärt. Cette musique aux motifs sur piano se répétant à l’infini participe à ce moment très pur vécu quand on se retrouve face au fleuve. Je ne sais pas pourquoi, je me suis mis à pleurer toutes les larmes de mon corps à ce moment. Le fleuve me fait du bien, comme s’il m’éloignait des complications de la ville. Le fleuve, c’est la nature dans l’une de ses plus simples expressions; de l’eau et de l’eau à perte de vue vers l’infini. L’épurement au sens figuré de mon âme sclérosé du trop-plein de la ville.
Le bord du Fleuve, en direction de Forestville
La ville de Tadoussac au loin.
Tadoussac
Baie Sainte-Catherine vue du traversier vers Tadoussac
L'une des pointes de Tadoussac, endroit parfait pour admirer les baleines.
sur le traversier en direction de Tadoussac
J’ai eu un p’tit pincement au cœur en traversant la ville de Tadoussac. La nostalgie s’est emparée de moi. Je me suis mis à me remémorer ces 4 jours paradisiaques que j’y avais passé en été 2008. Tristesse. Je voulais tellement débarquer là. Je voulais retrouver le port, l’anse, les pointes rocailleuses, les dunes de sables, l’achalandage de touristes, la vie communale à l’Auberge de Jeunesse. On dirait que de passer par là sans m’arrêter a renforcit ma sensation de me diriger tout droit vers l’inconnu, et la solitude…
Portneuf-sur-Mer
J’ai été déçu quand je suis débarqué à Portneuf-sur-Mer. L’autobus ne pouvait pas entrer dans la ville en raison de travaux. Le chauffeur d’autobus m’a donc débarqué avec ma boîte de vélo sur le bord de la 138 qui passait en plein milieu de la forêt. Aucune trace du fleuve. Moi qui voulait en sentir son odeur. J’ai dû remettre la roue et les freins
avant de partir. Laborieux. Je perdais constamment les vis dans le sable. Mais j’ai finalement réussi à repartir au bout d’une demi-heure.
Forestville
En 45 minutes, j’ai franchi les limites de Forestville. Là où je voulais le parfum de la mer, ça sentait le sapin à plein nez. Il y avait des épinettes à perte de vue. Tiens donc! C’est donc pour ça que cette ville s’appelle Forestville.
J’ai dû descendre toute la ville (assez moche, plutôt industrielle) pour me rendre au fleuve, afin de prendre le traversier pour Rimouski.
Forestville, là où le bois et le Fleuve se rencontrent.
en attente du traversier pour Rimouski
sur le traversier pour Rimouski
Forestville derrière
Rimouski droit devant
La cantine du traversier
Ma nausée est-elle perceptible?
Sur le traversier, j’y ai goutté au parfum de la mer. Je suis sorti sur le pont, et ça fouettait. Il ventait terriblement, et l’air était frais. Rafraîchissant! Mais le mal de cœur m’a pris assez vite quand les côtes ont disparus de mon regard. Je me suis donc assis à l’intérieur, en avant, en fixant l’horizon.
Terre droit devant!
Rimouski!
La cale ou le parking, c'est selon.
Rimouski (1re partie)
C’est en débarquant à Rimouski que j’ai senti que mon voyage commençait réellement. J’étais sur la 132, en ligne droite vers Percé. Et la vue du Fleuve à ma gauche m’énergisait. J’ai donc appelé mes parents et mon coloc pour propager la bonne nouvelle. Après, j’ai essayé de trouver un motel.
La nouvelle destination: Percé!!
carte no.01 du trajet vers Percé (cliquez pour agrandir)
carte no.02 du trajet vers Percé (cliquez pour agrandir)
Au loin, le Parc du Bic, que je visiterai au retour.
Je me suis arrêté dans un parc pour souper. Il y avait deux personnes qui y pratiquaient le karaté.
Sous cet abri, l'endroit parfois pour souper et regarder le large.
Ça brassait dans le parc!
Pointe-au-Père (1re partie)
un sous-marin au bout de la rue? À visiter au retour!
Sainte-Luce
La noirceur venue, incapable de trouver une place vacante pour dormir, j’ai décidé de coucher dans un champ sur le bord du fleuve à Sainte-Luce. Mon repos a été bien mérité.