Jour 4 – jeudi le 15 juillet 2010
Jour 4 - jeudi le 15 juillet 2010
Je me suis levé à Saint-Gabriel-de-Brandon par une journée ensoleillée. Ma tête s’est mise à ressasser l’air d’une chanson de Owen Pallett : Lewis Takes Off His Shirt. En écoutant cette chanson, je ne peux m’empêcher d’imaginer de grands espaces vastes éclairés par les rayons d’un soleil matinal. Je vois du mouvement également (la rythmique de la « toune » évoquant en moi celle d’une fuite à travers la nature, à dos de cheval). Si j’avais un vidéoclip à faire sur ce morceau, il serait constitué des plans aériens d’une caméra qui me suit à travers les montagnes. Cette musique donne trop envie de sentir le vent.
J'ai monté ma tente sur le bord d'une vallée à Saint-Gabriel-de-Brandon
Je me suis levé à Saint-Gabriel-de-Brandon par une journée
ensoleillée.
Sur la route, j’ai vu des vaches et chevaux encore et encore. La routine de la veille quoi! Mais ça ne m’a pas blasé. Contrairement à la veille, mon enthousiasme était inébranlable. Peut-être parce que je savais que j’atteindrais Shawinigan et Lac-à-la-Tortue à la fin de la journée. Mon objectif était plus clair, moins vague. Je devais rejoindre mes parents, comme j’ai rejoint Caroline 2 jours avant.
Je me rends compte que la solitude est lourde en voyage. L’idée de rejoindre quelqu’un me fait du bien. C’est mon moteur je crois. J’espère rencontrer beaucoup de gens pour ne pas avoir une trop grande baisse d’énergie durant ce voyage. J’espère rencontrer du nouveau monde surtout. Mais j’avoue que l’idée du confort familial me réconforte plus que tout… surtout après avoir pédalé autant de milles. Bizarre, alors que je trippe tellement à rouler à travers les montagnes.
Saint-Didace
Saint-Alexis-des-Monts
Après les vaches et les chevaux, j’ai traversé la forêt dense de Saint-Alexis-des-Monts. Je me suis arrêté pour dîner au restaurant Nouvelle France, une magnifique taverne/resto en bois rond style « Nouvelle France » justement. Il y avait des barils de bois partout et les serveuses étaient habillées en paysanne. Je me suis assis à une table, et j’ai sorti le livre À Ciel Ouvert de Nelly Arcan que j’avais entamé en ville. Je me suis rendu compte que c’était un drôle d’endroit pour lire un livre aussi urbain. Il y avait de la musique traditionnelle qui jouait. C’était le disque de Fred Pellerin (le conteur) et de son frère Nicolas Pellerin. Jusqu’alors, je n’avais jamais vraiment accroché à ce genre (on s’entend qu’en milieu urbain, cette musique n’a pas vraiment de poids à côté de celle de Owen Pallett par exemple). Mais à ce moment particulier, au milieu des bois, ça fonctionnait parfaitement. Ça devenait même inspirant. Ça m’a même donné envie de me procurer le CD à mon retour. J’ai commandé un repas des rois : saucisse sur choucroute avec soupe brocoli. Miam! Après je suis remonté sur mon cheval.
Je me suis arrêté pour dîner au restaurant Nouvelle France, une magnifique taverne/resto
en bois rond style « Nouvelle France » justement.
Saint-Paulin
Shawinigan
Shawinigan: le barrage sur la rivière Saint-Maurice avec au loin la tour de la cité de l'énergie.
J’ai atteint la rivière Saint-Maurice à 17h. J’avais l’impression de flotter dans les airs en descendant toutes les côtes qui longeaient le cours d’eau. Un stimulant assez efficace. Il faut dire que j’étais aussi très content de revenir au bercail, dans ma ville natale. J’ai soupé sur les rives devant le barrage, et j’ai jasé avec un jeune cycliste qui venait de faire le tour du coin. Ce fut la première rencontre de mon voyage.
Je suis finalement arrivé à Lac-à-la-Tortue à 19h. J’ai été voir ma mère à son job pour lui faire la surprise (j’avais de l’avance, elle m’attendait le lendemain). Puis je suis rentré à la maison, où mon père jouait à des jeux sur l’ordi. On a jasé de tout et de rien, de l’état de mon « becik », des dangers qui m’attendaient : les ours, les gens louches. Cré p’pa! N’empêche que c’est principalement à cause de mes parents que je m’emploierai à faire attention à moi durant ce voyage. Je leur dois ça.